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Nestlé : le Sénat accuse l’État d’avoir caché des informations sur la contamination de l’eau

Nestlé : le Sénat accuse l’État d’avoir caché des informations sur la contamination de l’eau
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Le rapport du Sénat met en lumière le rôle de l’État dans la gestion controversée des eaux contaminées de Nestlé, pointant du doigt un manque de transparence et des informations dissimulées au public sur la sécurité sanitaire.

Tl;dr

  • L’État accusé de dissimulation dans l’affaire Nestlé Waters.
  • Traitements interdits et autorisation controversée pour l’eau minérale.
  • 28 recommandations pour renforcer contrôle et transparence.

Enquête sénatoriale : le scandale des eaux minérales s’étend

Ces derniers mois, l’affaire qui secoue le secteur des eaux minérales a pris une tournure inattendue, révélant les coulisses d’une gestion pour le moins contestable entre l’État et les industriels.

Selon le rapport rendu public ce 19 mai 2025 par la commission d’enquête du Sénat, une stratégie de « dissimulation par l’État » aurait été mise en œuvre pour éviter que n’éclate au grand jour la question des traitements illégaux utilisés sur certaines eaux conditionnées. Un constat lourd, alimenté par six mois d’investigation et plus de soixante-dix auditions.

Nestlé Waters, au cœur de la tempête réglementaire

L’origine du scandale remonte à la découverte, fin 2020, par la direction de Nestlé Waters de pratiques non conformes sur ses sites emblématiques : Perrier, Hépar et Contrex. L’entreprise, confrontée à la révélation de traitements interdits pour une eau censée rester « naturelle », sollicite dès 2021 les pouvoirs publics jusqu’au sommet de l’État. Dix-huit mois plus tard, un compromis est acté : exit les procédés illicites au profit d’une microfiltration jugée par certains experts trop intrusive car susceptible d’altérer les caractéristiques essentielles de l’eau minérale.

Ce choix ne fait pas l’unanimité. La commission note que cette désinfection, bien qu’assimilable à une fraude envers les consommateurs, n’a donné lieu à aucune poursuite judiciaire.

Lobbies et arbitrages politiques sous surveillance

Le rapport du Sénat pointe du doigt le rôle central joué par l’exécutif. Malgré des dissensions entre ministères concernés – ceux de la Consommation ou encore de la Transition écologique ayant été mis à l’écart – c’est bien lors d’une concertation interministérielle qu’a été décidée l’autorisation de la microfiltration à 0,2 micron. Une décision prise « dans la continuité des arbitrages du cabinet de la Première ministre, Elisabeth Borne », sans qu’elle ait semble-t-il été précisément informée.

Plus troublant encore, selon les documents examinés par la commission, la présidence elle-même suivait attentivement le dossier. Il ressort qu’au moins depuis 2022, elle savait pertinemment que Nestlé Waters avait recours à ces méthodes depuis plusieurs années.

Des recommandations pour restaurer confiance et contrôle

Face à ces constats accablants, le rapport recommande plusieurs mesures afin d’éviter tout renouvellement d’un tel scénario. Parmi les vingt-huit propositions émises figurent notamment :

  • Un suivi qualitatif des nappes phréatiques.
  • Un contrôle strict du niveau de prélèvement réalisé par chaque industriel.
  • Un meilleur étiquetage destiné aux consommateurs.

Pour rappel, malgré ce scandale, Nestlé Waters a pu continuer à commercialiser son eau sous l’appellation d’« eau minérale naturelle ». À ce jour toutefois, aucune vérification exhaustive n’atteste encore que tous les sites producteurs respectent bien l’interdiction totale des traitements prohibés. Un vide réglementaire que beaucoup jugent désormais intenable.

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